dimanche 10 juillet 2011

Le tourisme en France et en Espagne un enjeu économique majeur.

Le tourisme (loisir ou d’affaires) est une industrie clé pour l’économie mondiale (3,8% PIB avec une croissance de l’ordre de +5%/an). Il est stratégique et vital pour la France (nº 1 mondial en nombre de visiteurs, nº 3 en terme de revenues générés, environ 6,3% de son PIB) comme pour l’Espagne (nº 4 en nombre de visiteurs, nº 2 en terme de revenues générés, et plus de 10% de son PIB).

La France et l’Espagne sont elles concurrentes ? Ces deux destinations du TOP 5 mondial peuvent elles être complémentaires à horizon 2020 ? Quels sont les enjeux, les facteurs clés de développement et les synergies possibles ?

Le tourisme s’appui sur des flux internationaux en forte évolution. Il y aura bientôt plus de Chinois qui visiteront l’Europe que d’Européens qui visiteront l’ensemble de la planète.

Depuis 2001, il y a un comportement négatif du tourisme mondial, amplifié ces deux dernières années par la crise économique mondiale sans précédant. Cependant de belles perspectives existent...

- 2002 : 715 millions de Touristes (+3,1%).... 2010 : pratiquement 1 Milliard.... et 1,5 milliard en 2020

- L’Europe Méridionale est l’une des zones géographiques avec une forte croissance en nombre de touristes (130 millions de touristes en 2001 entre 200 et 300 millions en 2025)

- Chiffre clé : 8 personnes sur 10 restent en vacances sur leur contient.

- Les touristes de demain viendront des pays asiatiques. 18 Millions de touristes Japonais.... bientôt dépassés par les chinois qui devraient être dans les prochaines années plus de 100 millions à sortir de leurs frontières.

La France reste pour l’instant la première destination touristique mondiale, suivie des Etats-Unis, tandis que la Chine, 4e depuis 2009, pourrait - selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT)- ravir prochainement la 3e place à l'Espagne qui a déjà perdue sa 2ème place en 2008.
Selon le secrétaire général de l’OMT "Le centre de gravité (du tourisme mondial) est en train de se déplacer vers la Chine, mais aussi vers l'Asie en général", citant notamment la montée en puissance de la Corée du Sud et de l'Asie du sud-est.

N’oublions pas que la France doit sa première place du fait des visiteurs en transits. En effet 14 % des visiteurs étrangers dans l'Hexagone ne font que passer, en route vers l'Espagne et l'Italie. Ceci explique quelle ne soit que 3ème en termes de revenus générés.

Devons nous alors considérer la France et l’Espagne comme concurrentes ?

Sur de nombreux produits elles le sont au même titre que la Bretagne est concurrente du Pays Basque, ou la Costa del Sol l’est de la Costa Dorada. Mais nos deux pays ne peuvent ils pas aussi tirer des enseignements de leurs politiques touristiques passées pour travailler ensembles sur l’amélioration indispensable de leur offre. Il est devenu indispensable de travailler sur la complémentarité et les synergies de croissances des deux pays afin de penser une communication internationale commune. Un asiatique lorsqu’il se déplace en Europe visite en moyenne 3 capitales européennes avec en tête du peloton, Paris, Madrid, Barcelone, Rome, Londres. L’interconnexion de nos pays et de nos régions sera un facteur clé.

Mais n’oublions pas que la première destination des Français après l’hexagone est l’Espagne et que la première destination des Espagnols après la péninsule ibérique est la France.
Nos deux pays ont des flux économiques et touristiques croisés historiques. Le couloir méditerranéen en est l’un des enjeux stratégiques des prochaines années. Les premières destinations mondiales (Capitales Européennes : Paris, Madrid, Barcelone, Nice, Rome et les côtes méditerranéennes françaises et espagnoles) vont être reliées par le train à grande vitesse. La valeur indiscutable d’une destination (Loisir et/ou congrès et événementiel) est d’avoir en plus de sont attrait touristique, la force de développer et de maintenir toute l’année une capacité de transports d’origines les plus diverses (au minimum de moyennes distances et au mieux de long courrier). L’Espagne est la première destination et point d’origine des compagnies « Low Cost » au niveau mondial, elle est aussi depuis peu le pays avec le plus long réseau de train à grande vitesse. Elle est donc en position de garder sa place.

La France et l’Espagne sont inter-communiqués, pour ne pas dire imbriqués. Depuis Schengen nos régions se visitent sans barrières frontalières ni monétaires. Le pays basque, la catalogne, les Pyrénées sont des destinations touristiques à part entières.

Dans le contexte géoéconomique et géopolitique actuel et des prévisions pour les prochaines années on peut penser que les infrastructures de transports seront la clé du tourisme en Europe. Les flux touristiques, facilités par nos infrastructures aéroportuaires, ferroviaires et portuaires (pour le segment des croisières) et une stratégie commune, nous permettrons de consolider la croissance attendue du poids du tourisme (Objectif 2020 part du tourisme dans le PIB: France 7,5% et Espagne 11,5%).

Il ne fait aucun doute qu’il existe une concurrence bénéfique et nécessaire entre le tourisme français et espagnol. Elle permet de tirer vers le haut la qualité de nos produits et services, mais aussi parfois et malheureusement entrainer un effet de dumping. Mais la complémentarité et les synergies futures sont évidentes. Les Etats, les régions et les grands groupes du secteur (Hôteliers : ACCOR – Pierre et Vacances- ClubMed – Melia – NH/Hesperia- , Aériens : Ibéria – Air France, Ferroviaires : SNCF – RENFE, etc) doivent en être convaincus et doivent mettre en œuvre des stratégies d’investissements, de politiques commerciales et de communication à la hauteur des enjeux.